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Page:Poésies complètes de Robert Burns, 1843.djvu/17

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vii
NOTICE SUR BURNS

et il ne voulut recevoir en dédommagement de sa peine qu’un exemplaire de ses ravissantes poésies.

Je me trompe : il reçut de l’argent. La destinée, indignée de se voir tenir tête, jura de le faire plier. Un chapelier, à qui il devait quelque chose, s’étant aperçu qu’il allait mourir, lui intenta un procès, et allait infailliblement le faire arrêter. Cette idée d’un emprisonnement dans l’état déplorable de santé où il était, la crainte d’être séparé de sa famille avant l’éternelle séparation, faillirent lui ôter la raison, et le forcèrent de recourir à Thomson, qu’il avait si obstinément refusé. Il lui écrivit une lettre bien touchante où il réclame de lui, à titre d’avance, une misérable somme de cinq livres sterling.

N’est-ce pas un exemple décourageant, une pensée désolante ? Le malheur fait de vous sa proie : au milieu de vos tortures, un seul sentiment vous soutient, celui de votre dignité. Pour le conserver pur et intact dans votre âme, vous aggravez vos souffrances, vous vous imposez mille privations, à vous et aux vôtres, sacrifiant tout à votre propre estime ; et un jour arrive où cette dernière consolation vous échappe, où votre délicatesse n’est plus qu’une prétention ridicule et mal soutenue, et où tous les sentiments grossiers sont absous et vengés par votre défaite ! Lord Byron se promit de ne pas tirer parti de sa plume ; et lui, riche et pair d’Angleterre, lui Anglais et poète, lui quatre fois orgueilleux, il fut forcé de se manquer de parole. Que son exemple te console dans la tombe, Robert Burns, toi plus courageux et plus délicat encore, puisque tu étais pauvre et père de famille. La société ne pardonne pas les vertus qui font sa critique, et, tôt ou tard, il faut succomber dans cette lutte inégale.

Au retour des funérailles, et après le premier moment d’enthousiasme et de reconnaissance pour celui dont la mort avait fourni l’occasion d’une cérémonie si tou-