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Page:Poésies complètes de Robert Burns, 1843.djvu/183

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POÉSIES DE BURNS.


Si quelque maussade ivrogne de whig
Osait blämer le pauvre Matthew,
Que la peine et le chagrin soient son lot !
Car Matthew était un homme rare.
LAMENTATION DE MARY,
REINE D’ÉCOSSE ,
À L’APPROCHE DU PRINTEMPS.
Voici que la nature suspeud son manteau vert
Sur chaque arbre en fleur,
Et étend ses draps de blanches marguerites
Sur tout le gazon de la pelouse :
Voici que Phébus égaie le cristal des ruisseaux
Et réjouit les cicux azurés ;
Mais rien ne peut réjouir le malheureux harassô
Qui languit dans une dure prison.
Voici que les alouettes éveillent lo joyeux matin,
S’élevant sur leurs ailes humides de roséc ;
Le merle, abrité contre l’ardeur du midi,
Fait résonner les échos des bois ;
Le doux mauvis, à forco de notes,
Berce ct endort le jour nonchalant :
Ils se réjouissent au sein de l’amour et do la liberté,
Exempts de soucis et de servitude.
Voici que le lis fleurit près de la colline,
La primevère au pied du coteau ;
L’aubépine bourgeonne dans le vallon,
Et lo prunicr sauvage est d’un blanc de lat :
Le dernier paysan de la belle Ecosse
Peut errer au milieu de leurs trésors ;
Mais moi, la reine de toute l’Ecosse,
Je dois languir dans une forte prison.
J’étais la reine de la belle France,
Où j’étais heureuse ;
Je m’éveillais toute légère le matin,
Et me rouchais aussi gaie le soir :
Et je suis la souveraine de l’Evosse,
Où il y a bicn des traitres ;
Pourtant je languis ici dans des liens étrangers,
Et dans un souci sans fin.