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Page:Poésies complètes de Robert Burns, 1843.djvu/193

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POÉSIES DE BURNS.


Un tel essor est bien au delà de son pouvoir ;
De chanter comment Nannie sautait et s’élancait
(La coquine était souple et vigoureuss)},
Et comment Tam se tenait droit comme un ensorcclé,
Et croyait ses yeux devenus meilleurs ;
Satan lui-même resardait attentivement, et frétillait de plaisir,
Et sautillait, ct souffinit de toute sa force ;
Jusqu’à ce qu’à voir une cabriole, puis une autre,
Tam linit par perdre toute sa raison,
Et mugit : a Très-bien, chemise rourte| ! »
Et on un instant tout fut sombre ;
Et à peine eut-il fait partir Masusie,
Que toute la légion infernale s élanca dehors.
Comme des abeilles sortent en bourdonnant avec un emprosse-Quand
des bergers pillards assaillent leur ruche ; [ment furibond]
Comme s’élancent les ennemis mortels du lièvre,
Quand, crac ! il part devant leur nez ;:
Comme avec ardeur court la foule du marvhé,
Quand « Au voleur ! » retentit avec force ;
Ainsi Maggie court, et les sorcières la suivent
Avec un cri lugubre ct sourd.

Ah, Tam ! ah, Tam ! tu vas avoir ton radeau de foire|
Elles te rôtiront en enfer comme un hareng |
En vain ta Kate attend ton orrivée |
Kate bientôt sera une femme aflligce|
Allons, va le plus vite que tu peux, Meg,
Et gagne la clef de voûte du pont 1 ;
Là tu pourras leur remuer la queue,
Elles n’oscnt pas traverser une eau courante,
Mais, avant qu’elle püt atteindre la clef de voûte,
Du diable si elle eut une queue à mouvoir !
Car Nannie, loin on avant du reste,
Pressait ferme la noble Magie

Et se jetait sur Tam avec un dessein furicux ;
Mais elle connaissait pou l’ardeur de Mausic. —
Un élan cmporta son maitre sain et sauf,
Mais laissa derrivre sa propre queue grise :
La commére la tenait par le croupion,
Et laissa à peine un moignon à la pauvre Magzio.
Or, vous tous qui lirez re récit sincère,
Fils d’homme et de mére, prenez garde :
Toutes les fois que vous serez tentés de boire,
Ou que des chemises courtes vous trottérant dans l’espmit,
Sonsez-v ! vous pouvez acheter ces plaisirs trop cher —
Rappelez-vous la jumeut de Fam O Shanter :

1. C’est un fait bien connu qu’il est interdit aux oscitres ct autre esprits malfaisants de poursuivre leur proie au de’à du milicu de 1 première cau courante.