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POÉSIES DE BURNS.


CXXXVI.
Les ombres de la nuit s’amassent rapidement,
L’ouragan farouche et inconstant rugit avec force,
Le sombre nuage cst chargé de pluie,
Je le vois poussé sur la plaine.
Le chasseur maintenant a quitté la bruyère,
Les oiseaux dispersés se rejoignent rassurés,
Tandis que j’erre ici, accablé de soucis,
Le long des solitaires rives de l’Ayr.
L’Automne pleure son blé müûrissant,
Arraché par les ravages de l’Hiver précoce ;
A travers son paisible ciel d’azur,
Elle voit voler la tempête courroucce :
Mon sang se glace à l’entendre sévir,
Je pense à la vague orageuse,
Où je dois affronter maint danger,
Loin des belles rives de l’Ayr.
Ce n’est pas le rugissement du flot qui s’enflo,
Ce n’est pas ce rivage fatal, mortel ;
Quoique la mort s’y montre sous toutes les formes,
Les malbeureux n’ont plus rien à craindre :
Mais ce sont les liens qui m’entourent le cœur,
C’est ce cœur percé de tant de blessures.
Elles saignent de nouveau ; et ces liens, je les arrache
En quittant les belles rives de l’Ayr.
Adieu les montagnes et les vallons de la vieille Coïla,
Scs landes de bruyère et ses vallées sinueuses ;
Les lieux où erre l’imagination afflisée,
Poursuivant dans le passé des amours malheureux !
Adieu, mes amis ! adicu, mes ennemis !
Ma paix avec ceux-ci, mon amour avec ceux-là—
Les larmes qui m’échappent trahissent mon cœur.
Adieu les belles rives de l’Ayr.
CXXX VII.
CHANSON DE CHASSE.
La bruyère fleurissait, les prés étaient fauchés,
Nos garçons partirent pour la chasse un jour à l’aurore,