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Page:Poésies complètes de Robert Burns, 1843.djvu/339

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POÉSIES DE BURNS.


Quelle pitié que les meilleurs mots ne soient que du vent !
Ainsi le chant aigu de l’alouette monte aux portes du ciel,
Mais sa chanson finit en rampant sur la terre.
De tous les cris bruyants du besoin affamé,
Ils importunent la bienveillance avec un front éhonté ;
Obligez-les, prenez sous votre patronage leur clinquant rimé,
Ils vous persécuteront tout le reste de vos jours !
Avant que ma pauvre âme se plonge dans une telle damnation,
Que ma main calleuse reprenne la charrue :
Rapiéçons une fois encore ma veste toute bisarrée ;
J’ai déjà vécu avec trente-six sous par semaine.
Quoique, grâce au ciel, je brave même cette dernière extrémité,
J’espère, cependant, que l’objet de ma requête est à ta nomination ;
Que, placée par toi sur la hauteur désirée,
Où l’homme et la nature s’offriront plus beaux à sa vue,
Ma muse pourra ajuster son aile pour quelque essor plus sublime.
FRAGMENT.

DÉDIÉ AU TRÈS-HON. C.-J. FOX.

Je chante comment la sagesse et la folie se joignent, s’allient et s’u-Comment
La vertu et le vice mêlent leur noir et leur blanc, [nissent, ;
Comment le génie, cet illustre père de la fiction,
Confond règle et loi, réconcilie la contradiction :
Si ces mortels, les critiques, s’agitent,
Je ne m’en inquiète pas, moi : — que les critiques sifllent !
Mais prenons un patron dont le nom et dont la gloire
Puissent tout d’un coup illustrer et honurer mon histoire.
Toi,le premier de nos orateurs, le premier de nos beaux-esprits,
Dont pourtant les qualités naturelles ou acquises semblent simple-Avecun
savoir si vaste et un jugementsi fort, [ment d’heureux coups
Nul homme, n’en eût-il que la moitié, n’a guère été de travers ;
Avec des passions si puissantes et des goûts si ardents,
Nul homme, n’en eût-il que la moitié, n’a jamais été tout à fait
Un chétif et pauvre bâtard des Muses

[droit ;]

Te fait cinquante excuses de disposer de ton nom.
Bon Dieu ! qu’est-ce que l’homme ? Car tout simple qu’il parait,
Essayez seulement de le suivre dans ses plis et replis ;
Avec ses ablmes et ses bas-fonds, son bien et son mal,
En tout c’est un problème à cembarrasser le diable.
Sir Pope est fortement travaillé d’une seule passion dominante,
Qui, commela baguette ambulante des Hébreux, dévore ses voisines :
L’humanité est sa lantorne magiquo. Voulez-vous le voir, votre ami

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