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Page:Poésies complètes de Robert Burns, 1843.djvu/364

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POÉSIES DE BURNS.


LE MAL DE DENTS.
ÉCAIT QUAND L’AUTEUR EN SOUFFRAIT CRUELLEMENT.
Maudit soit ton aiguillon envenimé
Qui perce mes gencives endolories,
Et fait un bruit aigu dans mes oreilles
Avec une fureur acharnée ;
Me déchirant les nerfs d’amères souffrances,
Comme des instruments de torture !
Quand la fièvre nous brüle, ou que le frisson nous glace,
Que les rhumatismes nous mordent, ou quela clique nous étreint,
La sympathie de nos voisins peut nous soulager
Avec un soupir Compatissant ;
Mais toi — toi, le plus infernal de tous les maux,
On se moque des gémissements que tu nous arraches|
La salive découle sur ma barbe !
Je lance du pied les petits escabeaux sur les grands,
Lorsque autour du feu les filles joueuses rient aux éclats
De me voir bondir ;
Tandis que, comme un fou furieux, je souhaite que le séran
Soit à leur derrière.
Entre tous les nombreux chagrins de l’humanité,
Mauvaises moissons, marchés de dupes, sellettes de pénitencet,
Ou dignes amis dont on fouille la cendre,
Spectacle triste à voir !
Entre les tours des coquins et les tourments des sots,
Tu emportes la palme.
N’importe où soit le lieu que les prêtres appellent l’enfer,
D’où le malheur hurle sur tous les tons,
Et où tous les chitiments, rangés par ordre, comptent leur nombré
En files terribles,
C’est toi, mal de dents, qui primes certainement
Entre cux tous.
O toi, tre hideux et malfaisant,
Qui fais crier les notes de la Discorde,
Jusqu’à ce que le stupide genre humain souvent danse un reel
Dans le sang jusqu’à la cheville ; —
‘Donne à tous les ennemis du bonheur de l’Ecosse
Un mal de dents d’une année !

1. Sorte de phori où l’on faisait asseoir dans l’église ceux qui avaient manqué à la chasteté.