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Page:Poésies complètes de Robert Burns, 1843.djvu/55

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POÉSIES DE BURNS.

Ou il prend la route de Madrid
Pour racler de la guitare et combattre des taureaux ;
Ou il court les sites de l’Italie,
Pourchassant les filles de joie sous les bois de myrtes :
Puis il boit les eaux bourbeuses de l’Allemagne
Pour se donner meilleure mine et s’engraisser,
Et effacer les fâcheuses conséquences
Des dons d’amour des signoras de carnaval.
Au bien de la Grande-Bretagne ! À sa destruction !
À force de dissipation, de discordes et de cabale.

LUATH.

      Oh ! mon ami ! mes chers messieurs ! est-ce par cette porte
Que passent tant de si beaux domaines ?
Quoi ! nous nous exténuons, nous nous harassons,
Pour que leur avoir s’en aille par cette voie en définitive ?
      Oh ! s’ils voulaient rester loin des cours,
Et se plaire aux amusements de la campagne,
Tout le monde s’en trouverait mieux,
Le seigneur, le tenancier et le paysan !
Quant à ces bons vivants francs coureurs,
Du diable s’ils ont de mauvais cœurs !
Excepté lorsqu’on leur casse leurs vieux arbres,
Ou qu’on parle légèrement de leur maîtresse,
Ou qu’on leur tue un lièvre ou un coq de marais,
Ils ne font jamais de mal aux pauvres gens.
      Mais voulez-vous me dire, maître César,
N’est-ce pas, la vie des grands est une vie de plaisir ?
Ni le froid ni la faim n’ont d’action sur eux,
Ils n’ont pas à les craindre même en idée ?

CÉSAR.

      Ah ! Seigneur, si vous étiez parfois où je suis,
Vous n’envieriez jamais les gens comme il faut,
      Il est vrai qu’ils ne sont pas exposés à geler ou à suer
Dans les froids de l’hiver ou dans les chaleurs de l’été ;
Ils n’ont pas de rude travail qui leur brise les os,
Et remplisse leur vieillesse de douleurs et de gémissements ;
Mais les humains sont de tels fous,
Malgré tous leurs colléges et leurs écoles,
Que lorsqu’aucun mal réel ne les afflige,
Ils se créent eux-mêmes des ennuis ;
Et moins ils ont de motifs de tracas,
Moins aussi il leur faut de choses pour les tourmenter.
Un homme de campagne à la charrue,
Une fois ses arpents labourés, est assez heureux ;
Une fille de campagne à son rouet,
Ses douzaines faites, est très-contente ;
Mais les messieurs (et les dames c’est encore pis)