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Page:Poésies complètes de Robert Burns, 1843.djvu/77

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POÉSIES DE BURNS.

Poussant des siffiements sauvages sur la montagne ;
Ira-t-il, lui élevé sous l’humble toit du paysan,
Courageusement instruit à l’indépendance hardie,
Cuirassé contre la fatigue par la pauvreté précoce,
Et dressé au combat sur le terrain de l’infortune rigoureuse,
Ira-t-il se rendre coupable de vénalité,
Comme ces serviles mercenaires, Suisses de la poésie ;
Ou travailler ferme le panégyrique calcule,
Avec toute l’âme mercantile de la prose dédicatoire ?
Non ! quoiqu’il chante rudement ses mélodies sans art,
Et qu’il pose une maiu grossière sur les cordes,
Il brûle de toute l’ardeur du barde
Pour la renommée, l’honnête renommée, sa grande, sa chère récompense.
Pourtant, s’il recherche les soins généreux de quelque patron,
Versé dans le secret d’accorder avec grâce ;
Quand Ballantyne protége son humble nom,
Et aide le rustique étranger à atteindre sa renommée,
Son sein reconnaissant palpite d’une émotion profonde,
Et que le divin bonheur de donner surpasse seul.
.........................
C’était lorsque les meules endoassent leur manteau d’hiver,
Et que l’enveloppe de chaume garantit la moisson conquise par le travail ;
Les pommes de terre s’entassent en manreaux serrés pour se préserver
De l’haleine glacée et de la morsure de l’hiver qui s’avance ;
Les abeilles, joyeuses de leurs travaux d’été,
Des dépouilles délicieuses de fleurs et de boutons sans nombre,
Scellés avec un soin économe en piles massives de cire,
Sont condamnées par l’homme, ce tyran du faible,
À la mort des démons suffoqués de la vapeur du soufre ;
On entend les fusils tonner de tous côtés,
Les volées d’oiseaux, blessées et chancelantes, s’éparpillent au loin ;
Et les familles ailées des champs, unies par les liens de la nature,
Pères, mères, enfants, gisent confondues dans le même carnage :
(Quel cœur chaud de poëte ne saigne intéricurement,
Et n’exècre les actes barbares ct impitoyables de l’homme !)
La fleur ne pousse plus au champ ni dans la prairie ;
Le bois ne résonne plus de concerts aériens,
Si ce n’est peut-être du sifflement joyeux du rougc-gorge,
Fier sur le haut de quelque arbre à moitié brisé ;
Les blanches gelées des matins précèdent les soleils des jours,
Midi répand au loin une clarté douce, calme, sereine,
Tandis que les fils nombreux de Ja Vierge voltisent et se jouent dans ses rayons.
C’était dans cette saison qu’un simple barde,
Inconnu et pauvre, récompense de la simplicité,
Une nuit, dans l’ancien bourg d’Ayr,
inspiré par un caprice, ou peut-être chassé par le souri,
Quitta son lit, et auivant sa fantaisie