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Page:Poésies de Madame Deshoulières 1824.djvu/103

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DIVERSES

Moi ? dévote ! qui, moi ? m’écriai-je à mon tour,
L’esprit blessé d’un terme employé d’ordinaire
Lorsque d’un hypocrite on parle avec détour.
Oui, me repliqua-t-il, vous ne sauriez mieux faire.
De la dévotion ayez moins de frayeur :
Elle est rude pour le vulgaire ;
Mais pour vous il ne faut qu’un peu d’extérieur.
Allez, pour soutenir le dévot caractère
Il n’en coûtera pas beaucoup à votre cœur.
Tout ce que la fortune a pour vous d’injustices
Par-là pourrait se réparer.
Regardez vos parens vieillir sans bénéfices ;
Songez qu’à votre époux cinquante ans de services
N’ont encor rien pu procurer ;
Qu’un tas de créanciers à votre porte gronde,
Et que chez les dévots, biens, honneurs, tout abonde ;
Que la mode est pour eux, et peut long-temps durer ;
Et qu’outre ces raisons sur qui chacun se fonde,
Vous aurez droit de censurer
Les actions de tout le monde.

Allons doucement, s’il vous plaît,
Lui dis-je ; et supposé qu’à vos leçons fidèle,
Je prenne aux yeux du monde une forme nouvelle
Par une raison d’intérêt ;