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DIVERSES

Par où donc ces grands noms d’illustre, de fameux,
Après quoi les mortels courent toute leur vie,
Avides de laisser un long souvenir d’eux,
Doivent-ils faire tant d’envie ?
Est-ce par intérêt pour d’indignes neveux
Qui seuls de ces grands noms jouissent,
Qui ne les font valoir qu’en des discours pompeux,
Et qui, toujours plongés dans un désordre affreux,
Par des lâchetés les flétrissent ?

De ces heureux mortels qui n’ont point eu d’égaux
Tel est l’ordinaire partage.
Traités par la nature avec moins d’avantage
Que la plupart des animaux,
Leur race dégénère, et l’on voit d’âge en âge
En elle s’effacer l’éclat de leurs travaux.
Des choses d’ici-bas c’est le vrai caractère.
Il est rare qu’un fils marche dans le sentier
Que suivait un illustre père.
Des mœurs comme des biens on n’est pas héritier,
Et d’exemple on ne s’instruit guère.

Tandis que le soleil se lève encor pour nous,
Je conviens que rien n’est plus doux
Que de pouvoir sûrement croire