Page:Poésies de Madame Deshoulières 1824.djvu/38

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
20
POÉSIES

♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣

Le Tombeau.

Tombeau, dont la vue empoisonne
Les plus agréables plaisirs,
Confond l’orgueil humain, et toutefois ne donne
Ni frein aux passions, ni bornes aux désirs :
Le cœur débarrassé de ces vives alarmes
Que cause le plus tendre amant,
Je venais dans ce bois rêver tranquillement.
De son ombrage, hélas ! que tu gâtes les charmes !
Près de toi, quelque loin qu’on porte l’enjoûment,
Rêve-t-on agréablement ?
Quelle réflexion accablante, importune,
Fait-on lorsque sur toi l’on porte ses regards ?
La mort, par une route au vulgaire commune,
A conduit dans ton sein un homme tel que Mars,
Et tel que le dieu des beaux-arts,
Qui jamais n’éleva d’autels à la fortune,
Et qui pour le mérite eut toujours des égards.
Ailleurs tu caches aux cœurs tendres
Les restes précieux, les adorables cendres
D’un objet dont les soins, ni les ardens souhaits,