Ni les appas, ni la jeunesse,
Ne purent garantir des traits
Que lance la sourde déesse.
Dans cette affreuse nuit dont on ne sort jamais,
Combien renfermes-tu de dépouilles mortelles,
De héros, de savans, de monarques, de belles !
Abîme où tout se perd, si ce n’est que pour toi
Que nous fait voir le jour la nature inhumaine,
Que d’inutiles soins ! que d’abus ! et pourquoi
Pour orner un tombeau se donner tant de peine ?
Pourquoi, pour arriver aux brillantes grandeurs,
Être dévot par mode et flatteur par bassesse ?
Par une criminelle adresse
Pourquoi des mécontens faut-il sonder les cœurs,
Et suivre un heureux fat qu’un ministre caresse ?
Vous coûtez trop, tristes honneurs,
Et vous disparaissez avec trop de vitesse
Pour avoir des adorateurs.
Insatiable et dur avare,
Qui, par la faim, la soif, fais souffrir à ton corps
Tout ce que l’enfer te prépare,
Que te sert de te rendre à toi-même barbare ?
Emporteras-tu tes trésors ?
Et vous, jeunes amans, dont la tendresse extrême
Semble vous faire un sort heureux,
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