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POÉSIES

Ah ! pourquoi cédiez-vous à ce pouvoir suprême,
Beaucoup moins doux que dangereux ?

Hélas ! faut-il quitter trop tôt ce que l’on aime,
Le moins d’attachement est toujours le meilleur.
Lorsque l’heure fatale sonne,
On souffre moins par la douleur,

Que par ce qu’il faut que le cœur
Dans ce triste état abandonne.

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La Solitude.

Charmante et paisible retraite,
Que de votre douceur je connais bien le prix !
Et que je conçois de mépris
Pour les vains embarras dont je me suis défaite !
Que sous ces chênes verts je passe d’heureux jours !
Dans ces lieux écartés que la nature est belle !
Rien ne la défigure ; elle y garde toujours
La même autorité qu’avant qu’on eût contre elle
Imaginé des lois l’inutile secours.
Ici le cerf, l’agneau, le paon, la tourterelle,