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Page:Poésies de Madame Deshoulières 1824.djvu/91

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DIVERSES

Que ne les tenons-nous, comme faisaient nos mères,
Dans le respect, dans le devoir ?
Avaient-elles plus de pouvoir,
Plus de beauté que nous, plus d’esprit, plus d’adresse ?
Ah ! pouvons-nous penser au temps de leur jeunesse
Et sans honte et sans désespoir ?
Dans plus d’un réduit agréable
On voyait venir tour à tour
Tout ce qu’une superbe cour
Avait de galant et d’aimable :
L’esprit, le respect et l’amour
Y répandaient sur tout un charme inexplicable.
Les innocens plaisirs, par qui le plus long jour
Plus vite qu’un moment s’écoule,
Tous les soirs s’y trouvaient en foule ;
Et les transports et les désirs,
Sans le secours de l’espérance,
À ce qu’on dit, prenaient naissance
Au milieu de tous ces plaisirs.

Cet heureux temps n’est plus, un autre a pris sa place.
Les jeunes gens portent l’audace
Jusques à la brutalité.
Quand ils ne nous font pas une incivilité,
Il semble qu’ils nous fassent grâce.