Page:Poésies de Malherbe.djvu/66

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
STANCES
pour M. le duc de Montpensier1,
qui demandoit en mariage Madame Catherine,
princesse de Navarre, sœur d’Henri IV
.
1591 ou 1592.

Beau ciel, par qui mes jours sont troubles ou sont calmes,
Seule terre où je prends mes cyprès et mes palmes,
Catherine, dont l’œil ne luit que pour les dieux2,
Punissez vos beautés plutôt que mon courage,
Si, trop haut s’élevant, il adore un visage
Adorable par force à quiconque a des yeux.

Je ne suis pas ensemble aveugle et téméraire,
Je connois bien l’erreur que l’amour m’a fait faire,
Cela seul ici-bas surpassoit mon effort ;
Mais mon ame qu’à vous ne peut être asservie,
Les Destins n’ayant point établi pour ma vie
Hors de cet océan de naufrage et de port.



1. Henri de Bourbon. — Ce mariage n’eut pas lieu. Édit.

2. Qu’est-ce que cela veut dire ? A. Chénier.