Page:Poésies de Malherbe.djvu/70

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Un Alcide, fils d’Alcide3,
À qui la France a prêté
Son invincible génie,
A coupé sa tyrannie4

D’un glaive de liberté5.

Les aventures du monde
Vont d’un ordre mutuel,
Comme on voit au bord de l’onde
Un reflux perpétuel.
L’aise et l’ennui de la vie
Ont leur course entresuivie
Aussi naturellement
Que le chaud et la froidure ;
Et rien, afin que tout dure,
Ne dure éternellement6.



6. Charles, fils d’Henri, duc de Guise, surnommé le Balafré. Édit.

7. Deux vers divins. A. Chénier.

8. Toute cette strophe est admirable et sublime, et supérieurement coupée. Il y a près de 200 ans qu’un homme en France écrivait de ce style. A. Chénier.

9. —————-——————La jeunesse de l’année

Soudain se voit terminée.
Après le chaud véhément
Revient l’extrême froidure ;
Et rien au monde ne dure
Qu’un éternel changement.
Leurs courses entresuivies
Vont comme un flus et reflus.

Racan, Ode à M. de Termes.

Cette strophe philosophique est fort bien placée. Il n’est rien de plus intéressant et de plus délicieux que ce mélange adroit et facile de faits et de réflexions morales. Le grand Rousseau n’a pas toujours connu cet art charmant, dans lequel Horace excelle comme dans tout le reste. A. Chénier.