Page:Poésies de Malherbe.djvu/71

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Cinq ans Marseille volée
À son juste possesseur
Avoit langui désolée
Aux mains de cet oppresseur.
Enfin le temps l’a remise
En sa première franchise ;
Et les maux qu’elle enduroit
Ont eu ce bien pour échange,
Qu’elle a vu parmi la fange
Fouler ce qu’elle adoroit.

Déjà tout le peuple more10
À ce miracle entendu ;
À l’un et l’autre Bosphore
Le bruit en est répandu ;
Toutes les plaines le savent,
Que l’Inde et l’Euphrate lavent ;
Et déja pâle d’effroi11
Memphis se pense captive,
Voyant si près de sa rive
Un neveu de Godefroi12.



10. Strophe très-belle, bien du ton de la lyre, et qui termine parfaitement ce poème. Il y a eu depuis Malherbe peu de nos poètes qui l’aient égalé dans cet art charmant des anciens, de rendre poétiquement des détails géographiques. Rien ne donne plus d’ame et de vie à un tableau. A. Chénier.

11. Divin.

La Judée en pâlit.....

Racine, Bérén., act. i, sc. 4.

A. Chénier.

12. Le duc de Guise, sorti de la maison de Lorraine, qui prétend tirer son origine de Godefroi de Bouillon. Édit.