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LES DIEUX DE LA GRÈCE.

Lorsque vous gouverniez encore ce monde riant, avec les légers liens de la joie ; lorsque vous dirigiez d’heureuses races, charmants êtres d’un âge fabuleux ; lorsque brillaient les pompes de votre service, et lorsqu’on couronnait de guirlandes tes temples, Vénus Amathonte, ah ! comme tout était autre qu’à présent ! alors de son voile magique la poésie enveloppait encore la vérité. Alors la création jouissait de la vie dans toute sa plénitude, et ce qu’on ne sentira jamais on le sentait dans ces temps-là. Se reposer sur le sein de l’amour, c’était obéir à la noble nature ; tout conduisait à des regards adorés, tout indiquait la trace d’un Dieu.

Là où, comme nos sages le disent, se meut un globe de feu sans vie, Hélios conduisait majestueusement son char doré, les Oréades peuplaient ses hauteurs, une Dryade vivait dans ses arbres et l’écume de l’onde argentine s’échappait de l’urne des Naïades.

Ce laurier est le refuge d’une nymphe ; la fille de