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Page:Poésies de Schiller.djvu/17

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avant que ta triste sagesse les dépouillât de leur charme. Quand je voyais le peuple se rendre en foule à l’église, quand j’entendais les membres d’une nombreuse communauté unir leurs voix dans une même prière, oui, me disais-je, oui, elle est divine, cette loi que les meilleurs des hommes confessent, qui subjugue l’intelligence et console le cœur. Ta froide raison a éteint mon enthousiasme. Ne crois, m’as-tu dit, qu’à ton jugement ; il n’y a rien de sacré que la vérité, et ce que le jugement reconnaît est la vérité. J’ai obéi, j’ai sacrifié mes plus douces pensées. Mon jugement est le seul guide qui me reste pour m’élever à Dieu, à la vertu, à l’éternité. Malheur à moi, si dans les actes de ce jugement je venais à trouver quelques contradictions, s’il fallait douter de son infaillibilité, si l’une des fibres malades de mon cerveau troublait sa direction ! »

Un peu plus loin, dans ces mêmes lettres, Schiller formule sa nouvelle philosophie, et cette philosophie est un panthéisme poétique. « Toutes les perfections de l’univers, dit-il, sont réunies en Dieu. La nature et Dieu sont deux grandeurs égales. La nature est un Dieu divisé à l’infini. Là où je découvre un corps, je pressens