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CHANSON DES MONTAGNES.

Le sentier qui donne le vertige conduit au bord de l’abîme ; il serpente entre la vie et la mort. Les géants ferment cette route solitaire et te menacent d’une mort certaine. Si tu ne veux pas éveiller le Dieu destructeur qui dort, marche en silence dans la route de la terreur.

Un pont s’élève sur le bord des profondeurs terribles ; ce n’est pas l’œuvre d’une main humaine. Nul homme n’aurait osé le construire. Sous ce pont, le torrent écume, mugit matin et soir ; il mugit sans cesse et jamais ne le détruit.

Voyez cette sombre et effroyable porte. On croirait qu’elle s’ouvre et qu’elle conduit dans l’empire des morts. Au delà de cette porte une riante campagne, où le printemps se marie à l’automne. Pour échapper aux fatigues, aux sollicitudes éternelles, je voudrais fuir dans cette heureuse vallée.

Quatre torrents grondent dans ce vallon ; leur source est cachée à tous les regards ; ils coulent vers les quatre parties du monde, vers le Nord