Page:Poésies de Schiller.djvu/208

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

degrés conduisent les ombres dans l’enfer ; aucun degré ne s’élève pour les ramener au jour. Les larmes que ma fille répand, nul témoin ne les rapportera à sa mère inquiète.

Les femmes de la race mortelle de Pyrrha peuvent suivre à travers la flamme du bûcher leur enfant chéri, mais celles qui habitent auprès de Jupiter n’approchent point les sombres rives. Votre main rigoureuse, ô Parques, n’épargne que les heureux. Du haut des parvis célestes, précipitez-moi dans la nuit des nuits. Ne vous arrêtez pas devant les privilèges de la Déesse, hélas ! c’est ce qui fait le tourment d’une mère.

Je voudrais descendre avec les ombres légères dans les lieux où elle est assise tristement près de son noir époux, et m’avancer sans bruit devant elle. Hélas ! ses yeux baignés de larmes cherchent en vain la riante lumière, et se tournent vers les sphères lointaines. Elle ne voit pas sa mère, et jusqu’à ce qu’elle retrouve la joie qu’elle regrette, jusqu’à ce qu’elle pose son cœur sur le cœur maternel, le fleuve des enfers pleure, ému de compassion.

Vain désir ! plaintes inutiles ! Le char du jour roule comme de coutume. Éternel est l’arrêt de Jupiter. Loin de ces tristes profondeurs, il a détourné sa tête suprême. Emportée dans les régions de la nuit, ma fille m’est ravie jusqu’à ce que les rayons