Page:Poésies de Schiller.djvu/209

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de l’aurore brillent sur les vagues du fleuve ténébreux, jusqu’à ce que l’arc-en-ciel d’Iris s’étende au milieu des enfers.

Ne m’est-il rien resté d’elle, rien qui atteste à mon souvenir que ceux qui sont éloignés l’un de l’autre s’aiment encore ? N’ai-je pas quelque don de ses mains chéries ? N’y a-t-il nul lien d’affection entre la mère et l’enfant, nul lien entre les vivants et les morts ? Non, elle n’a pas tout entière disparu pour moi. Non, nous ne sommes pas tout à fait séparées. Les êtres éternels nous ont donné un langage éloquent.

Lorsque les enfants du printemps meurent, lorsque l’arbuste dépouillé de ses fleurs et de ses feuilles par le souffle froid du nord apparaît nu et triste, dans la corbeille de Pomone je prends les germes de la vie, les épis d’or pour les offrir au Styx. Je les jette dans le sein de la terre, je les place sur le cœur de mon enfant pour qu’ils soient les interprètes de mon amour, de ma douleur.

Lorsque, dans leurs danses joyeuses, les Heures ramènent le printemps, les germes morts se ravivent aux rayons du soleil, les germes dérobés aux regards sous la froide enveloppe du sillon montent à la surface du sol, revêtus de brillantes couleurs. Tandis que leur tige s’élève vers le ciel, leur racine se cache