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Page:Poésies de Schiller.djvu/228

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LE COMBAT.

Non, je ne soutiendrai pas plus longtemps ce combat, ce terrible combat du devoir. Si tu ne peux étouffer les agitations brûlantes de mon cœur, ô vertu ! n’exige pas ce sacrifice.

J’ai juré, oui, j’ai juré de me dompter moi-même. Voici ta couronne, qu’elle soit à jamais perdue pour moi ! reprends-la, et laisse-moi faillir !

Rompons le pacte que nous avions fait ensemble. Elle m’aime : je me ris de tes récompenses. Heureux celui qui, plongé dans les douces voluptés, se console comme moi de sa chute profonde !

Elle voit le ver rongeur qui dévore la fleur de ma jeunesse ; elle admire en silence ma résignation héroïque et se résout généreusement à me donner ma récompense.

Défie-toi, âme noble, de ton angélique bonté, ta compassion m’enhardit au crime. Y a-t-il dans les domaines immenses de la vie, une autre, une plus belle récompense que toi ?