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Page:Poésies de Schiller.djvu/269

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Sémélé, (cachant sa tête dans le sein de Junon).

Hélas ! ce n’est pas lui !

Junon.

Et s’il se montrait à toi dans tout l’éclat où l’Olympe le contemple… Sémélé, tu ne te repentirais pas de l’avoir mis à l’épreuve.

Sémélé, (avec vivacité).

Oui, il faut qu’il se découvre.

Junon.

Il faut qu’il se découvre avant de reposer dans tes bras. Écoute, mon enfant, les conseils de ta fidèle nourrice ; écoute ce que l’amour m’inspire, ce que l’amour doit exécuter : dis-moi, viendra-t-il bientôt ?

Sémélé.

Il a promis de venir avant qu’Hypérion descende dans le lit de Thétis.

Junon, (avec emportement).

En vérité ! Il l’a promis ! aujourd’hui, déjà ! (En se contenant.) Laisse-le donc venir ! et lorsque, dans l’ivresse de son amour, il étendra les bras vers toi, retire-toi en arrière, comme si tu étais frappée de la foudre. Grande sera sa surprise, et tu ne le laisseras pas longtemps dans cette surprise : tu le repousseras avec une froideur glaciale : il deviendra de plus en plus ardent ; la pudeur de la beauté est une digue qu’un torrent de pluie ébranle et que la force em-