Page:Poésies de Schiller.djvu/272

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Que m’importe ? Mon Jupiter garde chacun de mes cheveux, Junon ne me peut rien. Mais en voilà assez sur ce sujet ; Jupiter doit m’apparaître aujourd’hui même dans toute sa pompe, et si Saturnia devait trouver le chemin des enfers…

Junon, (à part).

Une autre le trouvera avant elle, ce chemin, si les traits de Jupiter ont jamais atteint leur but. (À Sémélé.) Oui, Sémélé, elle mourra d’envie, si la fille de Cadmus s’élève, à la vue de la Grèce, en triomphe jusqu’à l’Olympe.

Sémélé, (souriant).

Penses-tu que dans la Grèce on parle de la fille de Cadmus ?

Junon.

Depuis Sidon jusqu’à Athènes, on ne parlera pas d’une autre, les Dieux descendront de l’Olympe pour s’incliner devant toi ; les mortels se courberont dans un humble silence devant la fiancée du vainqueur des Géants, et, tremblant à l’écart…

Sémélé, (gaiement, la prenant dans ses bras).

Béroé !

Junon.

Un marbre blanc l’annoncera aux mondes à venir, à l’éternité. Ici, dira-t-on, fut vénérée Sémélé, la plus belle des femmes ; Sémélé qui attira par ses baisers le Dieu de la foudre du haut de l’Olympe ; et sur ses ailes rapides la Renommée aux cent voix fera