Page:Poésies de Schiller.djvu/275

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Jupiter.

Attends ! Lorsque je quittai Argos, je sentis l’odeur des sacrifices qui fumaient dans mes temples, je me réjouis de me voir ainsi honoré par le peuple. Va trouver Cérès, ma sœur, dis-lui que Jupiter ordonne qu’elle multiplie dix mille fois, pendant cinquante ans, la moisson de ce peuple.

Mercure.

J’obéis en tremblant à ta colère, et avec joie à ta clémence. Pour les Dieux, c’est une volupté de rendre heureux les hommes, c’est une affliction de les perdre. Parle, où dois-je t’apporter leurs actions de grâces ? sera-ce ici, dans la poussière, ou là-haut, dans le séjour des Dieux ?

Jupiter.

Ici, dans le séjour des Dieux, dans le palais de ma Sémélé. Hâte-toi. (Mercure s’éloigne.) Elle ne vient pas, comme de coutume, à ma rencontre, pour enlacer dans ses bras voluptueux le roi de l’Olympe. Pourquoi ma Sémélé ne vient-elle pas au-devant de moi ? Un silence de mort, un silence terrible règne dans ce palais solitaire, qui d’ordinaire retentit d’un bruit joyeux. Aucun vent ne souffle… Sur le Cithéron Junon est assise joyeuse et triomphante… Et Sémélé n’accourt pas à la rencontre de son Jupiter !… (Pause.) La cruelle ! aurait-elle osé pénétrer dans le sanctuaire de mon amour ? Saturnia… Cithéron… Son triomphe… Horreur ! pressenti-