Page:Poésies de Schiller.djvu/32

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lyriques, et nous ne connaissons pas un poëme qui dans un cadre si rétréci présente tant d’images de l’existence humaine, dépeintes avec tant de vérité, et unies à un sentiment si élevé. C’est tour à tour une idylle fraîche et gracieuse, un tableau d’intérieur de famille pareil aux plus suaves peintures de l’école hollandaise, une scène de désolation, une ode ardente, un cri de guerre, et une prière de l’âme.

Ce poëme de la Cloche et plusieurs autres pièces de Schiller, ont été traduites différentes fois en France. Il en a paru en 1822, sous le voile de l’anonyme, un recueil plus étendu, et qui dénote une assez louable habileté de traduction. En essayant d’en faire un nouveau, nous ne nous sommes point dissimulé les écueils d’une telle tâche. Toute poésie lyrique est difficile à traduire ; car toute poésie lyrique, on l’a souvent et très justement remarqué, perd dans la plus fidèle des traductions l’harmonie, qui en est une des qualités essentielles, et souvent la couleur. Celles de Schiller présentent plus difficultés encore, par la nature même de la langue allemande, dont nous ne pouvons rendre dans notre langue les teintes vaporeuses, et par le génie particulier du poëte, génie rêveur et philosophique, qui dans ses