Page:Poésies de Schiller.djvu/45

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

son sommet jusqu’à sa base, il reluit comme le soleil, et les armoiries bien dessinées attestent l’expérience du mouleur. Venez ! venez, mes compagnons ! formez le cercle ! baptisons la cloche, donnons-lui le nom de Concorde. Qu’elle ne rassemble la communauté que pour des réunions de paix et d’affection !

Qu’elle soit, par le maître qui l’a formée, consacrée à cette œuvre pacifique. Élevée au-dessus de la vie terrestre, elle planera sous la voûte du ciel azuré. Elle se balancera près du tonnerre et près des astres. Sa voix sera une voix suprême, comme celle des planètes, qui dans leur marche louent le Créateur et règlent le cours de l’année ; que sa bouche d’airain ne soit occupée qu’aux choses graves et éternelles. Que le temps la touche à chaque heure dans son vol rapide. Que, sans cœur et sans compassion, elle prête sa voix au destin et annonce les vicissitudes de la vie. Qu’elle nous répète que rien ne dure en ce monde, que toute chose terrestre s’évanouit comme le son qu’elle fait entendre et qui bientôt expire.

Maintenant, arrachez avec les câbles la cloche de la fosse ; qu’elle s’élève dans les airs, dans l’empire du son. Tirez ! tirez ! Elle s’émeut, elle s’ébranle ; elle annonce la joie à cette ville. Que ses premiers accents soient des accents de paix.