Page:Poésies de Schiller.djvu/70

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dans le sanctuaire, puis il s’éloigne la conscience tranquille et s’en va vers la forge, en murmurant tout bas douze Pater noster.

Arrivé près de la fournaise, il demande aux ouvriers s’ils ont exécuté les ordres du comte. Ils ouvrent la bouche en grimaçant, lui montrent la gueule de la fournaise et lui disent : « La chose est faite, le maître sera content de ses serviteurs. »

Il retourne à la hâte porter cette réponse au comte. Celui-ci, en le voyant venir de loin, ne pouvait en croire ses yeux. « Malheureux ! s’écrie-t-il, d’où viens-tu ? — De la forge. — C’est impossible. Tu t’es donc arrêté en chemin ? — Pas plus qu’il ne le fallait pour faire ma prière.

« Car lorsque je vous quittai ce matin, je m’en allai, pardonnez-moi, demander des ordres à celle à qui je dois d’abord obéir. Elle m’ordonna d’entendre la messe, ce que je fis avec joie, et je dis le rosaire pour votre salut et pour le sien. »

Le comte épouvanté lui demande ce qu’on lui a répondu à la forge : « Maître, les paroles des ouvriers étaient obscures : on m’a montré la fournaise, et l’on m’a dit : « Son affaire est faite, le maître sera content de ses serviteurs. »

— Et Robert, dit le comte avec un frisson glacial, ne l’as-tu pas rencontré ? Je l’ai envoyé dans la forêt.