Page:Poe - Contes grotesques trad. Émile Hennequin, 1882.djvu/41

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Poe donna à Richmond deux conférences, où il lut un « Essai sur le principe de toute poésie. » Son esprit commençait à vaciller. Il avait revu à Richmond la Miss Royster qu’il avait aimée dans sa première jeunesse. Elle avait épousé un M. Shelton, puis était restée veuve. Poe lui rendit visite et lui parla de son ancien amour. Quand il revint la voir, il lui demanda sa main. On ne sait ce que lui répondit Mme  Shelton. Mais Poe écrivit à Mme  Clemm que le mariage était convenu et qu’elle eût à tout préparer pour la venue de sa femme. Puis il n’en reparla plus.

Deux fois pendant son séjour, il s’enivra, et se mit en danger de mort. Les médecins l’avertirent qu’un nouvel excès de boisson le tuerait. À cette occasion, il eut une conversation sérieuse avec le docteur Carter. Poe lui raconta toutes ses luttes inutiles contre les tentations de son vice. Il s’émut jusqu’aux larmes et déclara solennellement, qu’à l’avenir, il se contiendrait. Il tint sa parole tant qu’il fut à Richmond et adhéra même aux règles d’une société de tempérance.

La veille de son départ, il passa la soirée chez la mère de Mme  Weiss. Il s’y montra, comme pendant tout son séjour à Richmond, assez gai et plein de confiance en son avenir. Le lendemain, le 2 octobre 1849, il s’embarqua, parfaitement sobre, pour Baltimore. En arrivant il fit porter ses bagages à la gare, témoignant l’intention de repartir pour Philadelphie, et alla se rafraîchir.

À partir de ce moment, on ne sait au juste quelles ont été les actions de Poe. Il s’était plaint, en quittant Richmond, d’éprouver des frissons et de la faiblesse. Il est possible que, parvenu à Baltimore, il ait eu recours à la boisson pour se refaire. Les habitants de cette ville, se souvenant que le 3 Octobre était jour de vote, prétendent que Poe, dès son arrivée au débarcadère, tomba entre les mains d’une