Page:Poe - Contes inédits traduction William L. Hughes, Hetzel.djvu/128

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citaient pas moins d’admiration. Oui, ces jambes représentaient le nec plus ultra que cherchent les artistes ; les connaisseurs en pareille matière admettaient qu’elles semblaient faites au tour. Elles n’avaient ni trop ni trop peu de chair ; on ne leur pouvait reprocher ni trop d’épaisseur ni trop de gracilité. Impossible de se figurer une courbe plus charmante que celle de l’os femoris, et la partie postérieure du fibula s’arrondissait avec cette douceur de pente qui convient à un mollet bien proportionné. Plût au ciel que mon ami Chiponchipino, ce jeune statuaire pétri de talent, eût eu l’occasion de contempler un instant les jambes du général de brigade John A. B. C. Smith !

Bien que les gens doués de formes aussi avenantes soient moins communs que les raisins ou les mûres, je ne pouvais me persuader que l’attrait, — que l’étrange je ne sais quoi qui planait sur ma nouvelle connaissance fût le résultat, même partiel, de la suprême excellence de ses qualités physiques. Peut-être aurait-on trouvé que le charme tenait aux manières du personnage ; cependant, ici encore, je n’ose formuler qu’une hypothèse. Il y avait dans son allure un certain air compassé, sinon de roideur,— quelque chose de mesuré et, si je puis m’exprimer ainsi, une précision rectangulaire dans le geste qui, chez un