Page:Poe - Contes inédits traduction William L. Hughes, Hetzel.djvu/163

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Un des sujets de conversation que j’aimais surtout à aborder était la croyance populaire dans les présages, — croyance qu’à cette époque de ma vie, j’étais prêt à défendre sérieusement. Nous entamions là-dessus des discussions longues et animées, — mon ami soutenant qu’il fallait avoir le cerveau fêlé pour croire à de pareilles absurdités, tandis que je prétendais que tout sentiment populaire qui se déclare avec une spontanéité absolue, — c’est-à-dire sans aucune trace apparente de suggestion, porte en lui les éléments d’une vérité incontestable et mérite beaucoup de respect. Le fait est que peu de temps après mon arrivée à la maison de campagne, il m’était arrivé une aventure tellement inexplicable et d’un présage si funèbre, que je n’ai pas à m’excuser d’y avoir vu un signe de mauvais augure. Non-seulement cet incident m’épouvanta et me confondit ; mais le trouble que j’éprouvai fut tel, qu’il se passa plusieurs jours avant que je pusse me décider à en parler à mon hôte.

Vers la fin d’une journée accablante, j’étais assis, livre en main, devant une croisée ouverte, d’où l’on apercevait, par une longue échappée des rives du fleuve, une colline éloignée dont le versant, de mon côté, avait été dépouillé de la plupart de ses arbres par un éboulement. Depuis longtemps, ma