de m’adresser au Sucre d’orge, et j’attendis avec anxiété, mais aussi avec résignation.
Des la livraison suivante, j’eus la joie et l’orgueil de voir mon poëme imprimé tout au long, en tête de la revue, avec cette note significative, qui le précédait, en italiques et entre crochets :
[Nous signalons à l’attention de nos lecteurs les admirables stances ci-jointes sur l’Huile de Bob. Elles se recommandent d’elles-mêmes par une sublimité, un charme pathétique qui nous dispense de tout éloge. Ceux de nos abonnés à qui une triste médecine sur le même admirable sujet, tombée de la plume d’oie du rédacteur en chef du Taon, a pu donner des nausées, feront bien de comparer les deux écrits.
N. B. Nous brûlons de sonder le mystère que cache le pseudonyme de Snob. Nous sera-t-il permis d’espérer une entrevue personnelle ?]
On ne faisait tout au plus que me rendre justice ; mais je l’avoue, je m’attendais à un accueil un peu moins chaleureux — aveu, soit dit en passant, que je formule à la honte éternelle de mon pays et de l’humanité en général. Je m’empressai de rendre visite au directeur du Sucre d’orge, et j’eus le bonheur de trouver ce gentleman chez lui. Il me salua d’un air de profond respect, entremêlé d’une forte dose d’admiration paternelle et protectrice,