Il est grand temps. (Elle s’assoit de côté sur le fauteuil, les coudes appuyés sur le dos du siège, et contemple sa maîtresse d’un air de mépris. Lalage reprend en lecture.)
« Sous un autre climat, dit-il, cette plante porte une brillante fleur d’or ; mais dans ce sol elle reste stérile. Elle s’arrête, tourne plusieurs feuillets et continue. Ici, plus de longs hivers, plus de neige, plus d’averses ; l’Océan, pour rafraîchir le front de l’homme, lui envoie l’âpre haleine des brises occidentales. » Ah ! beau climat ! — climat charmant, si semblable au ciel que mon âme a rêvé ! Terre fortunée ! Elle s’interrompt. Elle mourut ! — la jeune fille mourut. Ô jeune fille plus fortunée encore, que la mort a bien voulu prendre !… Jacinta ! Jacinta ne répond pas. Lalage continue sa lecture. Encore ! on raconte la même histoire d’une dame de beauté née au delà des mers. Ainsi parle un certain Ferdinand, dans le texte d’un drame : « Elle est morte trop jeune, » et un nommé Bossola répond : « Je pense autrement ; son infortune semble avoir vécu trop d’années. » Ah ! pauvre femme !… Jacinta ? Pas de réponse. Voici une histoire autrement lugubre, mais semblable, — oh ! bien semblable, dans son désespoir, à celle de cette reine d’Égypte qui captiva sans