Page:Poe - Derniers Contes.djvu/229

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— à ses Pensées sur l’âme — à ses Observations sur l’esprit ? Si ses fricandeaux étaient inestimables, quel littérateur du jour n’aurait pas payé une Idée de Bon-Bon le double de ce qu’il aurait donné de tout l’étalage de toutes les Idées de tout le reste des savants ? Bon-Bon avait fouillé des bibliothèques que nul autre n’avait fouillées, — il avait lu plus de livres qu’on ne pourrait s’en faire une idée, — il avait compris plus de choses qu’aucun autre n’eût jamais conçu la possibilité d’en comprendre : et quoique au temps où il fluorisait, il ne manquât pas d’auteurs à Rouen pour affirmer « que ses écrits ne l’emportaient ni en pureté sur l’Académie, ni en profondeur sur le Lycée » — quoique, (remarquez bien ceci) ses doctrines ne fussent généralement pas comprises du tout, il ne s’ensuivait nullement qu’elles fussent difficiles à comprendre. Ce n’est que leur évidence absolue, je crois, qui détermina plusieurs personnes à les considérer comme abstruses. C’est à Bon-Bon — n’allons pas plus loin — c’est à Bon-Bon que Kant lui-même doit la plus grande partie de sa métaphysique. Bon-Bon il est vrai, n’était ni un Platonicien, ni, à