Page:Poe - Eureka trad. Baudelaire 1864.djvu/193

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quelconque, nous avons aussi le droit de leur donner une extension infinie.

Le cerveau humain a évidemment un penchant vers l’Infini et caresse volontiers ce fantôme d’idée. Il semble aspirer vers cette conception impossible avec une ferveur passionnée, avec l’espérance d’y croire intellectuellement aussitôt qu’il l’a conçue. Ce qui est général parmi toute la race humaine, aucun individu n’a sans doute le droit de le considérer comme anormal ; néanmoins, il peut exister une classe d’intelligences supérieures pour qui ce tour d’esprit populaire porte tout le caractère d’une monomanie.

Ma question, cependant, n’a pas encore trouvé sa réponse : — Avons-nous le droit de supposer, ou plutôt d’imaginer une succession interminable de groupes de groupes ou d’Univers plus ou moins semblables ?

Je réponds que le droit, dans un cas tel que celui-ci, dépend absolument de la hardiesse de l’imagination qui s’avise d’y prétendre. Qu’il me soit permis seulement de déclarer que je me sens, pour