Page:Poe - Eureka trad. Baudelaire 1864.djvu/35

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avec le développement de ces faits primitifs, les seuls légitimes, qui s’appellent la Loi.

« Il n’exista jamais sur la face de la terre, — continue l’audacieuse lettre, — une plus intolérante, une plus intolérable classe de fanatiques et de tyrans que ces individus, élevés soudainement par la philosophie de Hog à un rang pour lequel ils n’étaient pas faits, transportés ainsi de la cuisine dans le salon de la Science, et de l’office dans la chaire. Leur crédo, leur texte, leur sermon consistaient en un seul mot : les faits ! Mais la plupart d’entre eux, de ce mot unique ne connaissaient même pas le sens. Quant à ceux qui s’avisaient de déranger leurs faits dans le but de les mettre en ordre et d’en tirer utilité, les disciples de Hog les traitaient sans merci. Tous les essais de généralisation étaient accueillis par les mots : « Théorique ! Théorie ! Théoricien ! » Toute pensée, en un mot, était ressentie par eux comme un outrage personnel. Cultivant les sciences naturelles, à l’exclusion de la métaphysique, des mathématiques et de la logique, beaucoup de ces philosophes, d’engeance