Page:Poe - Histoires extraordinaires (1869).djvu/115

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nous, plus accablé et l’esprit plus complètement découragé que je ne l’avais vu jusqu’alors.

Environ un mois après, il nous fit une seconde visite, et nous trouva occupés à peu près de la même façon. Il prit une pipe et un siège, et causa de choses et d’autres. À la longue, je lui dis :

— Eh bien, mais G…, et votre lettre volée ? Je présume qu’à la fin vous vous êtes résigné à comprendre que ce n’est pas une petite besogne que d’enfoncer le ministre ?

— Que le diable l’emporte ! — J’ai pourtant recommencé cette perquisition, comme Dupin me l’avait conseillé ; mais, comme je m’en doutais, ç’a été peine perdue.

— De combien est la récompense offerte ? vous nous avez dit… demanda Dupin.

— Mais… elle est très-forte… une récompense vraiment magnifique, — je ne veux pas vous dire au juste combien ; mais une chose que je vous dirai, c’est que je m’engagerais bien à payer de ma bourse cinquante mille francs à celui qui pourrait me trouver cette lettre. Le fait est que la chose devient de jour en jour plus urgente, et la récompense a été doublée tout récemment. Mais, en vérité, on la triplerait, que je ne pourrais faire mon devoir mieux que je l’ai fait.

— Mais… oui… dit Dupin en traînant ses paroles au milieu des bouffées de sa pipe, je crois… réellement, G…, que vous n’avez pas fait… tout votre possible… vous n’êtes pas allé au fond de la question. Vous