pourvu qu’il fût de même essence que ce que nous appelons l’air atmosphérique, il importait relativement assez peu que je le trouvasse à tel ou tel degré de raréfaction, c’est-à-dire relativement à ma force ascensionnelle ; car non-seulement le gaz du ballon serait soumis à la même raréfaction (et, dans cette occurrence, je n’avais qu’à lâcher une quantité proportionnelle de gaz, suffisante pour prévenir une explosion), mais, par la nature de ses parties intégrantes, il devait, en tout cas, être toujours spécifiquement plus léger qu’un composé quelconque de pur azote et d’oxygène. Il y avait donc une chance, — et même, en somme, une forte probabilité, pour qu’à aucune période de mon ascension je n’arrivasse à un point où les différentes pesanteurs réunies de mon immense ballon, du gaz inconcevablement rare qu’il renfermait, de la nacelle et de son contenu, pussent égaler la pesanteur de la masse d’atmosphère ambiante déplacée ; et l’on conçoit facilement que c’était là l’unique condition qui pût arrêter ma fuite ascensionnelle. Mais encore, si jamais j’atteignais ce point imaginaire, il me restait la faculté d’user de mon lest et d’autres poids montant à peu près à un total de 300 livres.
En même temps, la force centripète devait toujours décroître en raison du carré des distances, et ainsi je devais, avec une vélocité prodigieusement accélérée, arriver à la longue dans ces lointaines régions où la force d’attraction de la lune serait substituée à celle de la terre.