Page:Poe - Histoires extraordinaires (1869).djvu/250

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il y avait une autre difficulté qui ne laissait pas de me causer quelque inquiétude. On a observé que dans les ascensions poussées à une hauteur considérable, outre la gêne de la respiration, on éprouvait dans la tête et dans tout le corps un immense malaise, souvent accompagné de saignements de nez et d’autres symptômes passablement alarmants, et qui devenait de plus en plus insupportable à mesure qu’on s’élevait[1]. C’était là une considération passablement effrayante. N’était-il pas probable que ces symptômes augmenteraient jusqu’à ce qu’ils se terminassent par la mort elle-même ? Après mûre réflexion, je conclus que non. Il fallait en chercher l’origine dans la disparition progressive de la pression atmosphérique, à laquelle est accoutumée la surface de notre corps, et dans la distension inévitable des vaisseaux sanguins superficiels, — et non dans une désorganisation positive du système animal, comme dans le cas de difficulté de respiration, où la densité atmosphérique est chimiquement insuffisante pour la rénovation régulière du sang dans un ventricule du cœur. Excepté dans le cas où cette rénovation ferait défaut, je ne voyais pas de raison pour que la vie ne se maintînt pas, même dans le vide ; car l’expansion et la compression de la poitrine, qu’on appelle

  1. Depuis la première publication de Hans Pfaall, j’apprends que M. Green, le célèbre aéronaute du ballon le Nassau, et d’autres expérimentateurs contestent à cet égard les assertions de M. de Humboldt, et parlent au contraire d’une incommodité toujours décroissante, ce qui s’accorde précisément avec la théorie présentée ici. — E. A. P.