Page:Poe - Histoires grotesques et sérieuses.djvu/194

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gulière. Il jouait un jeu de puff the dart, qui se joue avec une longue aiguille, emmaillotée de laine, qu’on souffle contre une cible à travers un tube d’étain. Il plaça l’aiguille du mauvais côté du tube, et, ramassant fortement toute sa respiration pour chasser l’aiguille avec plus de vigueur, il l’attira dans son gosier. Celle-ci pénétra dans les poumons et tua l’imprudent en peu de jours. »

En voyant cela, j’entrai dans une immense rage, sans savoir exactement pourquoi.

« Cet article, m’écriai-je, est une méprisable fausseté, un pauvre canard ; c’est la lie de l’imagination de quelque pitoyable barbouilleur à un sou la ligne, de quelque misérable fabricant d’aventures au pays de Cocagne. Ces gaillards-là, connaissant la prodigieuse jobarderie du siècle, emploient tout leur esprit à imaginer des possibilités improbables, des accidents bizarres, comme ils les appellent ; mais, pour un esprit réfléchi (comme le mien, ajoutai-je en manière de parenthèse, appuyant, sans m’en apercevoir, mon index sur le côté de mon nez), pour une intelligence contemplative semblable à celle que je possède, il est évident, à première