Page:Poe - Histoires grotesques et sérieuses.djvu/237

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En ce moment, un ami de l’orateur, assis à son côté, lui mit la main sur l’épaule et lui chuchota quelques mots à l’oreille ; là-dessus, l’autre cessa soudainement de parler et se laissa retomber sur sa chaise.

« Et puis, — dit l’ami, celui qui avait parlé bas, — il y a eu Boulard aussi, le toton. Je l’appelle le toton parce qu’il fut pris, en réalité, de la manie, singulière peut-être, mais non absolument déraisonnable, de se croire métamorphosé en toton. Vous auriez crevé de rire à le voir tourner. Il pirouettait à l’heure sur un seul talon, de cette façon, voyez… »

Alors, l’ami qu’il avait interrompu, un instant auparavant, par un avis dit à l’oreille, lui rendit, à son tour, exactement le même office.

« Mais alors, — cria une vieille dame d’une voix éclatante, — votre M. Boulard était un fou, et un fou très-bête, pour le moins. Car, permettez-moi de vous le demander, qui a jamais entendu parler d’un toton humain ? La chose est absurde. Madame Joyeuse était une personne plus sensée, comme vous savez. Elle avait aussi sa lubie, mais une inspi-