Page:Poe - Les Poèmes d’Edgar Poe, trad. Mallarmé, 1888.djvu/107

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Par une sombre route déserte, hantée de mauvais anges seuls, où une Idole, nommée Nuit, sur un trône noir debout règne, je ne suis arrivé en ces terres-ci que nouvellement d’une extrême et vague Thulé — d’un étrange et fatidique climat qui gît, sublime, hors de l’ESPACE, hors du TEMPS.

Insondables vallées et flots interminables, vides et souterrains et bois de Titans avec des formes qu’aucun homme ne peut découvrir à cause des rosées qui perlent au-dessus ; montagnes tombant à jamais dans des mers sans nul rivage ; mers qui inquiètement aspirent, y surgissant, aux cieux en feu ; lacs qui débordent inces- samment de leur eaux calmes — calmes et glacées de la neige des lys inclinés.