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Page:Poe - Les Poèmes d’Edgar Poe, trad. Mallarmé, 1888.djvu/134

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résidences royales — sur les temples — sur des murs comme à Babylone — sur la désuétude ombragée de vieux bosquets d’ifs sculptés et de fleurs de pierre — sur mainte et mainte merveilleuse chapelle dont les frises contournées enlacent avec des violes la violette et la vigne. Avec résignation sous les cieux gisent les mélancoliques eaux. Tant se confondent ombres et tourelles, que tout semble suspendu dans l’air : tandis que d’une fière tour de la ville, la Mort plonge, gigan- tesque, le regard.

Là, des temples ouverts et des tombes béantes baîllent au niveau des lumineuses vagues ; mais ni la richesse qui gît en l’œil de diamant de chaque idole, ni les morts gaîment de joyaux parés ne tentent les eaux hors de leur lit, car aucune lame ne s’enroule, hélas ! le long de cette solitude de verre — aucun gonflement ne raconte qu’il peut être des vents sur quelque mer plus heureuse du loin — aucune houle ne suggère que des vents ont été sur des mers d’une moins hideuse sérénité.

Mais voici ! un branle est dans l’air : la vague — il y a mouvement. Comme si les tours avaient repoussé,