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Page:Poe - Les Poèmes d’Edgar Poe, trad. Mallarmé, 1888.djvu/196

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anglaise, doit se procurer le très singulier et très heureux essai d’imitation des Cloches, d’un de nos très rares poëtes, connaissant bien l’anglais, M. Emile Blémont. Le vers, chez lui, a pu, s’éloignant du calque strict habituel à notre version, transposer d’une langue à l’autre, tels timbres jumeaux, et témoigner d’une ingéniosité bien faite pour réjouir Poe lui-même.

Ce morceau des Cloches n’obtint son ampleur, qu’après avoir subi deux refontes dans le laboratoire du poète : j ai sous la main et crois pouvoir donner l’esquisse ou premier jet.

Les cloches ! entendez les cloches ! les cloches joyeuses de noces ! les petites cloches d’argent ! Comme féerique une mélodie s’enfle là hors de prisons tintant l’argent, des cloches, cloches, cloches ! des cloches.

Les cloches ! ah ! les cloches ! les lourdes cloches de fer ! Entendez le heurt des cloches ! Entendez le glas ! Quelle horrible monodie flotte hors de leur gosier — de leur gosier à la voix profonde ! Comme je tressaille aux