Page:Poggio - Les facéties (trad. de Brandes).djvu/506

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Ah ! mon fils redoutez la céleste colère !
Mais, voyons… Que devint ce commerce odieux ? —
Mon père il fut suivi d’un plus délicieux.
Une tendre Bonnet, tendre, vive, gentille… —
Oh ! oh ! voici bien pis. Quoi ! la mère et la fille ! —
Cette jeune Beauté, source de mes plaisirs
Devint bientôt pour moi l’idole de mes désirs…
Ah ! quel désordre affreux !… l’inceste !… l’adultère
— Mon Père suspendez votre juste colère.
Je ne viens point ici pour prôner mes vertus,
Et tout ce que j’ai dit n’est encore que bibus.
Apprenez que Bonnet, chef de cette famille,
Succéda dans mon lit, à sa femme, à sa fille, —
Et que son fils enfin y prit place à son tour
Que j’eus pour ce dernier le plus ardent amour —
Méchant ! n’achève pas, dit le Prêtre en furie,
Je ne veux plus entendre une telle infamie,
Et puisque tout Bonnet doit être ta catin,
Tiens, Bourreau, prend le mien, et remplis ton destin.

La Chaussée


CXCVII (page 24)
LE MAUVAIS BAILLEUR

 
Gallot de Narmi, bossu par le devant
Et d’une bizarre figure
Dans la ville de Sienne, entra sur sa monture.
Un citadin mauvais plaisant,
Lui dit pour le railler : les autres d’ordinaire
Portent leur paquet par derrière,
Pourquoi portez-vous le vôtre devant vous.
C’est, répondit Gallot, qu’en pays de filoux
On agit de cette manière.