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Page:Poilay - Souvenirs d'un engagé volontaire, 1907.pdf/164

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Avec Danjoutin, ce seront les granges ouvertes à tous les vents et les disputes avec l’habitant pour une maigre botte de paille qu’il nous refuse. Ce sera surtout l’hiver, l’horrible hiver, avec la neige, la neige tombant sans relâche, la bise aigre qui vous l’envoie au visage par rafales glaciales, la pluie, la boue faite de neige fondue, et les nuits dans les bois sous la gelée.

Le premier soir, vers dix heures, on nous fait sortir d’une grange où nous avions pris nos arrangements pour dormir. Il faisait une nuit claire, la neige était tombée en abondance et nos hommes sortaient, grelottants, tirés à regret de leur sommeil. Quelques-uns, malgré les ordres sévères, avaient retiré leurs chaussures qu’ils ne parvenaient à remettre qu’à grand’peine et s’avançaient, la marche peu assurée. D’autres avaient retiré leur ceinture de flanelle dont ils se servaient comme de cache-nez ; quelques-uns s’en enveloppant