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Page:Poilay - Souvenirs d'un engagé volontaire, 1907.pdf/201

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Alors l’état d’exaspération où nous étions, notre colère excitée par ce lâchage du lieutenant me firent faire la plus insigne folie qu’on puisse imaginer.

Entre tous les Éclaireurs, la rengaine à l’ordre du jour était celle-ci :

— Le lieutenant !… cet immonde lieutenant !… ce misérable lieutenant ! ce salaud de lieutenant ! ce sale officier ! ce gueux qui abandonne sa compagnie en plein danger, qui se sauve à l’heure du combat !

Notre indignation ne connaissait plus de bornes. L’idée nous vint de rédiger une plainte contre lui, d’exposer au Commandant que nous formions une compagnie animée des meilleurs sentiments, du patriotisme le plus élevé, que tous nous étions remplis de courage, que la Patrie pouvait compter sur nous, mais qu’il nous fallait un chef, que le capitaine Arnal étant malade, il fallait remplacer le lieutenant lâche