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Page:Poilay - Souvenirs d'un engagé volontaire, 1907.pdf/203

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tante d’une bougie qu’allumait son ordonnance, je le vis émerger d’une sombre et profonde alcôve entourée de boiseries grises d’où pendaient des rideaux de cretonne camaïeu à personnages où se répétait à l’infini l’éducation d’Achille par le centaure Chiron.

Le tableau que j’avais sous les yeux était fantastique : la tête ravagée du commandant, le trou noir de son œil absent, avaient quelque chose de macabre et d’impressionnant.

Dans un mouvement qu’il fit pour se rapprocher de la bougie, la table de nuit fut ébranlée, le chandelier vacilla, l’œil de verre qui trempait dans une tasse faillit tomber par terre et fut rattrapé par l’ordonnance qui s’agenouilla ensuite pour éponger l’eau qui coulait à travers la chambre.

L’accueil du commandant fut bienveillant. Il me fit quelques banales promesses et je sortis satisfait. Loye et Gambey, qui