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Page:Poilay - Souvenirs d'un engagé volontaire, 1907.pdf/24

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s’ouvre un passage en culbutant à travers la foule.

Mais on entend peu de chansons. Un immense brouhaha, à peine interrompu par une voix avinée, monte de cette masse de soldats dont la densité nous semble augmenter à mesure que nous pénétrons au milieu d’eux.

Il y en a de toutes armes : des artilleurs, des cuirassiers, des hussards et la foule innombrable des lignards. Tous ces hommes qui promènent le désœuvrement d’un jour de fête, ont un visage ennuyé, inquiet, fatigué. Absence complète de tenue : les vestes et les tuniques déboutonnées montrant des chemises sales ; des chaussures, des houseaux blancs de poussière ; le képi en arrière, la cravate dénouée.

Ces soldats avaient déjà subi l’affront de la retraite ! Ils faisaient partie du 7e Corps, celui du général Félix Douay qui venait de se replier de Mulhouse sur Belfort. Ils